Renversements d’accords

Nous avons déjà vu comment créer des triades, des tétrades et diverses extensions dans les accords. Il est maintenant temps d’aborder ce qu’on appelle l’inversion. Nous avons effleuré ce sujet dans le chapitre sur le nommage des accords. Approfondissons maintenant cette notion.

Vous avez sûrement remarqué que la première note d’un accord (la plus basse) détermine son nom. Prenons l’exemple de l’accord de do majeur, composé des notes do, mi et sol, où do est le premier degré. Inverser un accord, c’est choisir comme basse une autre note de l’accord que ce premier degré.

Ainsi, pour une tétrade, trois inversions sont possibles, avec la tierce, la quinte ou la septième en basse.

1ère inversion d’accord

Dans la première inversion, la tierce devient la basse de l’accord. Pour l’accord de do majeur, cela signifie mettre mi en basse. La notation habituelle utilise un slash, par exemple : C/E (do avec basse sur mi).

1ère inversion d'accord

Après avoir vu quelques exemples d’inversions au clavier, nous allons maintenant passer à la guitare. En fin de chapitre, nous reviendrons sur l’intérêt pratique de ces inversions au clavier.

2ème inversion d’accord

Pour la deuxième inversion, la quinte est en basse. Dans l’accord de do, cela donne sol en basse, d’où l’accord C/G. Voici quelques formes de cet accord à la guitare :

2ème inversion d'accord

3ème inversion d’accord

Dans la troisième inversion, c’est le septième degré qui est en basse. Cette inversion est délicate avec une septième majeure (7M), car elle se trouve un demi-ton en dessous de la tonique, créant un effet de dissonance chromatique. Ce problème n’existe pas avec une septième mineure.

Exemple avec les accords Cmaj7 et C7, où la septième majeure est si et la mineure est sib :

3ème inversion d'accord

Note : Il y a de nombreuses façons de jouer des accords inversés à la guitare. Nous n’en présentons ici que quelques-unes pour introduire le concept. Explorez d’autres formes pour ces accords et expérimentez avec d’autres inversions !

Vous avez sans doute remarqué que les accords inversés sonnent différemment de l’accord original, du fait de la basse marquante.

C’est une opportunité fantastique pour varier les sons dans vos chansons. Essayez de jouer une chanson en utilisant seulement des accords en première inversion, puis en deuxième inversion. C’est un excellent exercice de mémorisation. Avec la pratique, les accords inversés enrichiront votre vocabulaire musical.

En composition, les accords inversés offrent des séquences et progressions intéressantes. Votre compréhension de ces accords élargira votre créativité !

Les accords inversés sont couramment utilisés au clavier, mais moins à la guitare, où les inversions sont plus complexes et variées. Beaucoup de professeurs n’enseignent même pas ces techniques.

Cependant, utiliser des accords inversés sur une guitare acoustique ou électrique peut vraiment vous distinguer. Cela donne l’impression de jouer des accords complexes et inédits, avec un son unique et captivant.

Si vous voulez vous démarquer en jouant des triades et des tétrades, voici une méthode simple. Plus tard, dans des sujets plus avancés, nous utiliserons les accords inversés pour créer des lignes mélodiques avec la basse. Pour l’instant, habituez-vous à les utiliser dès que possible.

Application pratique au clavier/piano

Les pianistes et claviéristes utilisent fréquemment les inversions d’accords. Mais comment déterminer la meilleure inversion à utiliser à chaque moment d’une chanson ?

Prenons un exemple : vous jouez un morceau où il faut passer de l’accord de do (C) à celui de sol (G). En partant du do en position fondamentale (C, E, G), plusieurs options de transition vers l’accord de sol s’offrent à vous :

première option keyboard
deuxième option keyboard
troisième option keyboard

Dans cet exemple, de l’accord de do à celui de sol, en partant de la position fondamentale de do, nous pouvons opter pour l’une des inversions de sol, ou sa position fondamentale.

Le choix de la meilleure option dépend de plusieurs facteurs, comme les fonctions harmoniques et la ligne de basse de la chanson. Cependant, les claviéristes privilégient souvent l’option où les notes sont les plus proches de celles de l’accord précédent.

Dans nos exemples, la 2ème option est la plus proche :

C E G à B D G. Analysons pourquoi :

  • La première note de l’accord de do majeur (C) passe à B, soit un demi-ton.
  • La deuxième note (E) passe à D, soit deux demi-tons.
  • La troisième note (G) reste inchangée, constituant un point commun entre les deux accords.

La transition entre les deux accords implique donc un mouvement de un demi-ton + deux demi-tons.

Comparons à la première option, où nous avons :

C E G à G B D.

Analysons le passage de chaque note :

  • La première note de l’accord de do majeur (C) passe à G, soit un intervalle de 7 demi-tons.

Cette première transition, plus grande, rend la 1ère option moins favorable que la 2ème.

Examinons la 3ème option :

C E G à D G B.

  • Le passage de C à D représente un demi-ton.
  • Le passage de E à G, quatre demi-tons.
  • Et de G à B, également quatre demi-tons.

Le mouvement total est donc de 1 demi-ton + 4 demi-tons + 4 demi-tons, nettement supérieur à celui de la deuxième option.

Bien sûr, en pratique, vous n’avez pas à calculer précisément chaque distance pour choisir la meilleure transition au clavier. Un simple coup d’œil suffit pour déterminer quelle inversion est la plus proche. En maîtrisant bien tous les accords et leurs inversions, ce choix deviendra intuitif.

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