Qu’est-ce que la réharmonisation ?

La réharmonisation, c’est l’art de transformer la structure harmonique d’une pièce musicale. Cela implique de revisiter différents concepts, dont plusieurs ont été abordés sur ce site.

Comment réharmoniser une chanson

De manière plus concrète, réharmoniser signifie prendre une chanson existante et en modifier l’harmonie tout en préservant sa mélodie originale. Imaginez qu’un ami vous présente une chanson qu’il a composée. En utilisant les techniques de réharmonisation, vous pourriez en améliorer l’architecture, en créant une structure à la fois plus complexe et captivante.

Une autre application concerne les chansons célèbres. Vous pourriez, par exemple, souhaiter interpréter un hit populaire dans une version inédite pour y apporter votre touche personnelle. Cela nécessiterait de réharmoniser sa structure.

Il est important de se rappeler que plus complexe ne signifie pas nécessairement plus beau. La réharmonisation vise avant tout à offrir un terreau fertile pour des idées alternatives, dont l’attrait repose sur le discernement du compositeur.

De nombreux arrangeurs et compositeurs vivent de cette pratique. Les clients viennent à eux avec des chansons qu’ils souhaitent enregistrer, souvent composées d’accords basiques, les seuls qu’ils connaissent. Les arrangeurs évaluent alors l’intention de l’« artiste » et réharmonisent la pièce, enrichissant la structure et la composition selon les préférences et les objectifs du client.

Vous découvrirez, au fil de cette étude, que toute réharmonisation doit tenir compte de la mélodie. Celle-ci dicte ce qui est possible ou non. Nous mettrons l’accent sur ce point, montrant comment la mélodie guide le processus et inspire les innovations.

Techniques de réharmonisation

Pour vous aider à maîtriser ce concept, nous aborderons 6 méthodes de réharmonisation :

  1. L’ajout de notes aux accords.
  2. Le remplacement d’accords ayant la même fonction harmonique.
  3. Le changement de mode musical.
  4. L’utilisation de progressions et de cadences.
  5. Les modulations.
  6. L’utilisation d’accords empruntés.

Chaque méthode sera traitée séparément, car elles sont toutes assez complexes. Examinons la première :

1) Ajout de notes aux accords :

Cette technique consiste à enrichir les accords d’une chanson en y ajoutant des notes. Bien que certains auteurs ne considèrent pas cela comme de la réharmonisation, nous l’incluons ici car tout changement harmonique, même mineur, peut être considéré comme tel. Supposons qu’une chanson soit composée des accords suivants :

| G | D | Em | C |

Une première idée serait d’ajouter une septième à chacun de ces accords, créant ainsi des tétrades plutôt que des triades. Nous aurions alors :

| Gmaj7 | D7 | Em7 | Cmaj7 |

Cette modification apporterait déjà une nouvelle dimension à la chanson. Cependant, si le chanteur trouve le D7 trop agressif, vous pourriez le remplacer par un D9, plus doux :

| Gmaj7 | D9 | Em7 | Cmaj7 |

Sur l’accord de D9 à la guitare, la neuvième (note E) remplace la tierce (note F#), nous pourrions alors placer la note F# à la basse.

Voyons l’accord D9/F# :

accord D9/F#

Cela créerait aussi une séquence intéressante dans la basse de la chanson, qui serait descendante : G, F#, E :

| G7M | D9/F# | Em7 | C7M |

Puisque nous revenons à G7M après C7M, et que la cinquième de G7M est D, nous pourrions ajouter ce D à C7M (ce serait la neuvième de C7M) pour renforcer cette transition. Voyez les exemples ci-dessous :

cmaj7(9) gmaj7 guitare
cmaj7(9) gmaj7 piano

Notez comment la note de la deuxième corde (D) reste inchangée dans la transition entre ces accords à la guitare (au piano, nous avions 3 notes statiques). Cette technique, visant à conserver certaines notes inchangées lors du passage d’un accord à l’autre, est largement utilisée car elle adoucit l’harmonie. On l’appelle le « point de pédale ».

De nombreux compositeurs estiment que moins il y a de sauts et de changements brusques d’octaves dans la musique, plus l’harmonie est agréable et fluide. L’idéal est de jouer des notes proches les unes des autres, minimisant les déplacements des doigts. Au clavier, cette approche est fréquemment adoptée. Les pianistes cherchent les meilleures inversions et formes pour jouer les accords « de près », sans trop de sauts sur le clavier. Il est judicieux de tenir compte de cela en choisissant vos notes de tension. Essayez de minimiser le mouvement des doigts à chaque changement d’accord. Bien sûr, la douceur n’est pas toujours l’objectif, mais quand c’est le cas, gardez cela en tête.

Comparons maintenant notre harmonie initiale avec la finale :

| G | D | Em | C |

| Gmaj7 | D9/F# | Em7 | Cmaj7(9) |

Ceci n’est qu’une possibilité parmi tant d’autres. Nous pourrions également envisager d’ajouter des quatrièmes, des sixièmes, d’inverser certains accords, etc. Il y a toujours d’innombrables options. Prenez en compte la tonalité dans laquelle vous travaillez et incluez les notes de tension qui vous plaisent, tout en combinant l’effet statique mentionné et le mouvement de la basse.

Tout cela peut être pris en compte lors de la réharmonisation de ce type. Gardez à l’esprit que, bien que certaines notes de tension puissent modifier la caractéristique de certains accords (selon le contexte), toute tension peut être intéressante comme élément de surprise, à condition qu’elle ne heurte pas la mélodie.

Nous discuterons de la prochaine caractéristique de réharmonisation dans la partie 2 de ce sujet.

Il est maintenant temps de passer à une autre méthode :

2) Remplacement d’accords ayant la même fonction harmonique :

Contenu à suivre…

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