Les Accords Empruntés Expliqués

Les accords empruntés, comme leur nom l’indique, sont des accords pris d’autres modes, qu’ils soient musicaux ou parallèles.

Généralement, ces accords proviennent du mode parallèle, ce qui amène de nombreux théoriciens à considérer les accords empruntés comme étant exclusivement issus de ce mode. Toutefois, notre approche ici sera plus étendue.

Un Exemple d’Accord Emprunté

Prenons un exemple concret : imaginez une chanson en do majeur. Si, à un certain point, l’accord Ebmaj7 surgit, il est évident qu’il n’appartient pas à la échelle de C majeur, mais plutôt à celle de C mineur. Do mineur étant le mode parallèle du C majeur, nous en déduisons que Ebmaj7 est un accord emprunté de ce mode parallèle.

Les accords empruntés sont transitoires, apparaissant brièvement dans une composition avant que celle-ci ne retourne à son harmonie tonale principale. Il est peu fréquent qu’un accord emprunté soit suivi d’une cadence, car cela indiquerait plutôt une modulation. À noter : une modulation implique un petit changement de tonalité, tandis que les accords empruntés ne modifient pas la tonalité principale, mais sont simplement des insertions transitoires.

En explorant différents modes, on découvre un large éventail d’accords empruntés possibles pour enrichir une chanson. Considérez les accords des différentes tonalités dans tous les modes disponibles en C :

table modes disponibles en C

Concernant les notes d’extension, il est fréquent de substituer, dans le mode parallèle, les accords Im7 et IVm7 par Im6 et IVm6, en raison de leur sonorité agréable.

Faites attention à l’accord Vm7 ; dans certains cas, il peut ne pas être un accord emprunté, mais un IIm7, indiquant une modulation vers le quatrième degré, comme dans la progression Gm7 – C7 – F.

Il y a beaucoup à assimiler, alors prenez le temps d’explorer chaque détail.

Maintenant que vous avez une bonne compréhension des accords empruntés, essayez de vous exercer à improviser avec eux. Examinez quelques chansons intégrant des accords empruntés pour vous convaincre de leur existence réelle et de leur utilisation effective dans la musique.

Comment improviser avec des Accords Empruntés

L’improvisation sur des accords empruntés peut sembler simple en théorie : il suffit d’identifier l’origine de l’accord emprunté et d’appliquer la échelle correspondante à ce mode. En pratique, cependant, cela se révèle plus complexe. Il faut être capable d’identifier rapidement le mode d’origine pour choisir la bonne tonalité ou échelle à utiliser. C’est un vrai défi. Pour cette raison, il est judicieux de se familiariser avec les accords empruntés les plus courants. Cela permet de mémoriser ces degrés et de savoir instinctivement quelle échelle utiliser dans ces situations. Vous pouvez aussi vous référer aux conseils donnés dans notre article précédent, “Musique Modale”, sur l’utilisation des échelles Dorien et Lydien.

Cette approche vous aidera à minimiser les surprises lors de l’improvisation et à enrichir vos connaissances musicales. Plus vous pratiquez et acquérez de l’expérience, plus vos réactions seront rapides et précises.

Exemples de chansons utilisant des Accords Empruntés

Voici quelques exemples de chansons qui intègrent des accords empruntés :

  • « Meu Erro » (Herbert Vianna) – Tonalité : La majeur. Accord Emprunté : Dm. Voir sur YouTube

Dans cette chanson en la majeur, un seul accord ne correspond pas à cette clé : Dm. Normalement, en la majeur, le D est un accord majeur de degré IV. Ici, Dm, qui appartient à la tonalité de la mineur, est donc un accord emprunté du mode parallèle.

  • « Nos Bailes da Vida » (Milton Nascimento) – Tonalité : Ré majeur. Accord Emprunté : C. Voir sur YouTube

Dans cette chanson en ré majeur, l’accord attendu serait C#m7(b5) (VIIm7b5). Cependant, l’accord de Do majeur apparaît, jouant le rôle d’un accord emprunté du mode parallèle, présent dans la tonalité de ré mineur (comme le septième degré abaissé bVII). Cette chanson présente également d’autres aspects intéressants, tels que des cadences II – V – I vers la tonique et l’utilisation de notes de passage, notamment dans l’accord D4, où la quatrième est une note transitoire, juste avant l’accord D.

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