Après avoir exploré la échelle mineure harmonique et ses particularités, notamment l’intervalle étendu entre ses 6ème et 7ème degrés (trois demi-tons), nous nous penchons maintenant sur la échelle mineure mélodique. Pour adoucir cette tension harmonique, une note intermédiaire est introduite, rapprochant ainsi le sixième du septième degré.
Cette modification confère à la échelle harmonique une sonorité plus douce et mélodieuse, donnant naissance à ce que l’on appelle la échelle mineure mélodique. Ainsi, le sixième degré, mineur dans la échelle harmonique, devient majeur dans la version mélodique.
Observons les différences entre ces deux échelles en A mineur :
- Notes de la échelle harmonique Am: A, B, C, D, E, F, G#
- Notes de la échelle mélodique Am : A, B, C, D, E, F#, G#
Notez que la principale différence réside dans le sixième degré (ici, la note F).
Examinons maintenant la structure de la échelle mineure mélodique en A, avec une attention particulière aux 6ème et 7ème degrés.
La échelle mineure mélodique en A
Essayez de jouer cette échelle plusieurs fois pour en apprécier la mélodie. La texture de la échelle mineure mélodique diffère légèrement de celle de la échelle mineure harmonique et est un peu plus complexe à analyser, car elle comporte deux modifications par rapport à la échelle mineure naturelle (aux 6ème et 7ème degrés), alors que la échelle mineure harmonique n’en présente qu’une (au 7ème degré).
Il est important de mentionner l’existence de deux types de échelles mélodiques : la mélodique réelle et la mélodique classique. Nous avons présenté la version classique, ainsi nommée en hommage à son créateur, Sebastian Bach, illustre compositeur baroque. Beaucoup préfèrent nommer cette version la « Échelle Bachienne ».
La échelle réelle se caractérise par une ascension selon la échelle mineure mélodique et une descente selon la échelle mineure naturelle, présentant ainsi une forme différente en montée et en descente.
La échelle mineure mélodique classique
Cette version est prisée par les musiciens qui préfèrent ne pas utiliser la échelle mineure mélodique à la descente, mais uniquement à la montée. Chez Demystifiant La Musique, nous référons généralement à la échelle mineure mélodique classique (identique à la montée et à la descente) lorsqu’on parle de la échelle mineure mélodique.
Accords de la échelle mineure mélodique
La tonalité générée par la échelle mineure mélodique en A est la suivante :
En général, la tonalité mineure mélodique se compose des accords suivants :
Im(M7) – IIm7 – bIIImaj7(#5) – IV7 – V7 – VIm7(b5) – VIIm7(b5)
Un exemple notable d’utilisation de cette tonalité est la chanson « Papel Machê » de João Bosco. Je vous invite à la découvrir sur Youtube.
Comme pour la échelle mineure harmonique, il est essentiel d’étudier la échelle mineure mélodique au-delà du simple contexte de tonalité, car rares sont les chansons qui l’utilisent intégralement.
Il est temps de se libérer de l’idée fixe des « tonalités ». Ouvrons-nous à de nouvelles perspectives. La échelle mineure mélodique est fréquemment utilisée par des musiciens de divers styles, en particulier les guitaristes de jazz. Ce n’est pas un hasard, car cette échelle offre une alternative sonore intrigante, mélangeant sensations tonales et atonales. Apprenez à reconnaître les contextes dans lesquels vous utiliserez le plus cette échelle en pratique !
Comment utiliser la échelle mineure mélodique
La échelle mineure mélodique trouve souvent son utilisation sur un accord dominant. Mais comment cela fonctionne-t-il exactement ?
C’est assez simple ! Lorsqu’un accord dominant se présente dans une chanson, vous avez la possibilité d’utiliser la échelle mineure mélodique à ce moment précis.
Mais de quelle échelle mineure mélodique parle-t-on ? Et dans quelle tonalité ?
Prenons un exemple concret. Imaginez qu’un accord G7 (un dominant se résolvant en C) soit joué dans une chanson. Dans ce cas, nous pourrions utiliser la échelle mineure mélodique de D sur cet accord G7. Cela signifie que nous jouons la échelle mineure mélodique correspondant au cinquième degré de l’accord dominant.
Une autre manière de l’aborder est de jouer la échelle mineure mélodique située deux demi-tons au-dessus de la tonique vers laquelle le dominant se résout. Dans notre exemple, G7 est le dominant de C (se résolvant en C). Ainsi, nous jouons la échelle mineure mélodique de D, située deux demi-tons au-dessus de C.
La justification de cette approche est assez complexe et sera développée dans des sujets plus avancés. Pour l’instant, gardez à l’esprit que le dominant est un accord instable et tendu, ce qui ouvre la porte à de nombreuses possibilités mélodiques audacieuses.
N’oubliez pas que le dominant non altéré se compose uniquement des notes fondamentales (tétrade). Le dominant altéré, lui, inclut une note accidentelle (par exemple, la quinte augmentée).
Dans notre exemple, G7 est un dominant non altéré. S’il s’agissait d’un dominant altéré, tel que G7(#5), la échelle mineure mélodique la plus adaptée serait celle de G#. Cela signifie que pour un accord dominant altéré, vous pouvez jouer la échelle mineure mélodique située un demi-ton au-dessus.
Cette utilisation a conduit à l’appellation de cette échelle comme étant la « échelle altérée« , car elle contient de nombreuses notes accidentelles par rapport à la tonique. Nous explorerons la échelle altérée dans un autre chapitre, mais il est bon de savoir dès maintenant que la échelle altérée d’une certaine tonalité correspond à la échelle mineure mélodique jouée un demi-ton au-dessus. Par exemple, la échelle altérée de G est la échelle mineure mélodique de G#.
En résumé, pour utiliser la échelle mineure mélodique, pensez à :
- Jouer un cinquième au-dessus pour un accord dominant non altéré.
- Jouer un demi-ton au-dessus pour un accord dominant altéré.
Note : Dans le cas d’un accord dominant non altéré se résolvant en un accord mineur, il est conseillé de jouer la échelle mineure mélodique une quarte au-dessus plutôt qu’une quinte. Par exemple, si l’accord G7 se résout en Cm, il serait préférable de jouer la échelle mineure mélodique de C plutôt que celle de D. Bien que la échelle de D soit également une option valable (l’accord dominant offre de nombreuses possibilités audacieuses), la échelle de C est recommandée car l’accord G7 appartient à la tonalité de C mineur mélodique.
Prenez le temps d’étudier ce concept, analysez quelques chansons, identifiez les accords dominants et expérimentez avec la échelle mineure mélodique ! Cela enrichira votre vocabulaire musical et apportera une nouvelle dimension à vos improvisations. Mais les possibilités d’utilisation de cette échelle ne s’arrêtent pas là.
Autres applications de la échelle mineure mélodique
La échelle mineure mélodique est largement utilisée dans le jazz, et ses applications sont nombreuses. Nous allons ici aborder les plus courantes.
Avant de poursuivre, il est important de noter que l’utilisation de la échelle mineure mélodique nécessite un effort supplémentaire comparé aux échelles plus traditionnelles. Cette remarque vaut pour toutes les échelles que nous étudierons à l’avenir. La partie facile est derrière nous.
Bien que cette échelle puisse être utilisée dans de nombreux contextes différents, pour en tirer le meilleur parti, il est crucial d’avoir quelques phrases et licks bien assimilés. Sinon, votre solo risque de sonner maladroit et inesthétique.
Il est essentiel de savoir mettre en valeur les notes qui caractérisent le son de cette échelle, tout en sachant revenir à la tonalité au bon moment, afin que l’auditeur apprécie votre solo sans avoir l’impression que quelque chose cloche.
Ainsi, dans cette partie où nous abordons différents contextes d’utilisation de cette échelle, comprenez que plus important que de savoir où l’appliquer, est de posséder un répertoire de licks bien maîtrisés et pratiqués. Pour chaque nouvelle application présentée ci-dessous, nous vous proposerons un exemple de lick. Vous pourrez également créer les vôtres.
Contextes d’application de la échelle mineure mélodique
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